Une de mes principales motivations pour partir en Suède a été de pouvoir découvrir un autre système pédagogique que celui que je connais à Paris… Et je ne suis pas déçue !
Avant de vous détailler comment se passent mes cours de biomédecine, voici quelques caractéristiques de l’enseignement supérieur en Suède…
Les suédois sont des petits veinards : après le lycée (qui finit un an plus tard qu’en France ), aucune obligation de s’engager immédiatement dans les études. Et c’est presque systématique que les jeunes de 19-20ans prennent une année de césure. En général ils travaillent 6 mois puis voyagent les 6 mois d’après. De ceux que j’ai rencontrés : un tour du monde de 6 mois, une année en tant que jeune fille au pair dans une famille en Angleterre, un an pour suivre un programme de découverte d’Israël ou encore un an dans une école d’art…
Un an dans une école d’art ? Oui, autre chose qui nous change de la France, ici c’est très facile de changer d’avis et de filière. C’est même très fréquent. Beaucoup d’étudiants de ma classe en sont à leur « 2ème essai », avant ca, ils étaient en biologie, en histoire, en maths…
Donc, ici, si sur votre CV, vous mettez que vous avez pris un an pour voir le monde et ne pas étudier, c’est bien vu. Et pas de problèmes administratifs si vous avez fait de l’histoire avant de vouloir être médecin. Bref, en Suède, vous n’êtes pas obligés de savoir ce que vous allez faire comme métier dès 17-18 ans.
Ainsi, les 18-25ans suédois n’ont pas la pression qu’on peut connaitre en France. C’est si mal vu de ne pas savoir « ce qu’on veut faire dans la vie » en France, lorsqu’on a plus de 21ans. Pression source de mal-être pour de nombreux étudiants (et les étudiants en médecine sont parmi les moins à plaindre…).
Mais je ne suis pas naïve ("Ah bon ?!"), j’ai bien conscience que c’est plus facile de laisser « vagabonder » les étudiants pendant un an dans un pays où on est 9millions, plutôt qu’en France avec ses 65millions… Et que ca demanderait une sacré organisation que de permettre aux étudiants de changer de filière d’une année ( voire d’un semestre, comme ca se fait en Suède) sur l’autre… Et en France, il existe tout de même les passerelles, mais c’est plus l’exception que la règle.
Et autre conséquence, logique, de ces césures et changements d’avis, les suédois font tout « plus tard ». En effet études décalées=>mariage(s) et bébés aussi ! Et c’est un des gros défi du gouvernement actuel : peupler la Suède ! ( Dont le nombre d’habitants stagne à 9millions, et s’il augmente, c’est surtout grâce à la très forte immigration en Suède. )
Pour continuer à divaguer sur ma petite théorie : « l’enseignement à la française : trop de pression pour résultats qui ne suivent pas » (ou si on veut aller encore plus loin : « l’enseignement à la française : trop de pression= dépression)...
J'ai la chance de connaitre ici, à Lund, une étudiante suédoise qui a vécu en France pendant la période école primaire, collège. Elle est donc très bien placée pour me donner les élements de comparaison dont j'ai besoin!
Ca commence dès le lycée, choisir S « pour se laisser le plus de choix possibles », et ensuite les prépas et les écoles... Au contraire, les lycéens suédois ont l’air plus « relax » : ils ont un tronc commun de quelques heures de cours et pour le reste, ils choisissent les cours qu’ils veulent suivre, ce qui leur évite de subir des cours qui ne les intéressent pas. Et leur emploi du temps est moins chargé (c’est rare de finir les cours après 16h). Moins de cours, de pression, et meilleure réussite (d’après les classements européens).
Cependant, on peut se demander si la réussite est due à l’enseignement en soi… Je pense que le coté plus détendu, moins compétitif des études dans les pays scandinaves est la vraie raison de cette réussite.
En effet, pour ce qui est de l’enseignement au lycée, les jeunes suédois ont donc des connaissances moins variées. Moins de culture générale, si on veut résumer grossièrement. Mais en France, on demande beaucoup (trop ?) de choses à apprendre. Du coup on apprend pour la contrôle (ou le Bac, ou la P1) et après… On oublie tout ! ( j’exagère, bien sûr… En histoire, par exemple, je peux vous dire pour sûr que Charlemagne a été couronné en l’an 800 ! ). Du coup, je ne suis même pas sûre qu'on puisse parler de bases moins solides pour les étudiants suédois, dans la mesure où ils apprennent moins, certes, mais sans doute mieux...
Même chose pour l’enseignement supérieur : j’ai discuté avec une jeune chercheuse française à Lund. Elle a remarqué, pendant les TD qu’elle dirige, que les étudiants n’ont pas toujours des connaissances solides et suffisantes. Moins d’exigence qu’en France ? Peut-être…
Mais si ca donne des étudiants mieux dans leur peau, tant mieux!